Atelier tricot

 

Dans le cadre de ses activités parallèles, la Maison médicale Cap Santé ASBL (fondé en 2003) propose à ses patients un atelier tricot qui se déroule chaque mardi (13h00 à 16h00).

« Ce projet tricot date de l’été 2014, explique Geneviève Destexhe, l’assistante sociale de Cap Santé. Un groupe de quatre à cinq dames, parfois davantage, âgées entre 40 et 70 ans, se retrouvent chaque vendredi. Le but est d’améliorer leur savoir-faire mais aussi de briser leur isolement. »

 

 

Récemment, nos tricoteuses ont répondu à l’appel du groupe Les Femmes Solidaires en produisant une cinquantaine d’écharpes, en collaboration avec un groupe de la Maison de Repos du Mont Falise. Ces écharpes ont été offertes à des patient(e)s de Cap Santé.

Lors de notre passage, nous avons eu le plaisir de papoter quelque peu avec les dames aux aiguilles. Anne-Marie, Yasmina, Hélène, Muriel et Martine, laquelle fait office de coach, œuvraient dans la bonne humeur.

« Nous avons même parfois carrément des fous rires », avoue Martine. Hélène a appris le tricot il y a très longtemps « Je ne me souvenais plus des points », précise-t-elle. Les points ! La clé, le sésame au maniement des aiguilles. « Les points à l’endroit et ceux à l’envers, c’est la base de tout tricot », souligne Muriel.

Etant plus doué pour compter les points au tennis ou au rugby, nous avons voulu en savoir davantage. « Il y a bien sûr d’autres points, poursuit Muriel. Le jersey, une ligne à l’endroit, une à l’envers. Les côtes, qui alternent une ligne à l’envers et deux à l’endroit. Ou l’inverse. »

On les utilise pour resserrer les bords des pulls. « Mais il y a encore tous les points de fantaisie, on peut faire tout et n’importe quoi », conclut Muriel. Comme le jacquard qui regroupe plusieurs couleurs sur une même ligne.

Et c’est à ce moment, quand cela devient trop compliqué, qu’intervient Martine pour qui le tricot n’a plus le moindre secret. « Elle sait tout faire ! », s’exclament de concert ses quatre élèves. Mine de rien, l’atelier tricot remplit aussi un important rôle social. Par exemple, Anne-Marie a le moral dans les chaussettes. Elle traverse des moments difficiles. « Le groupe a décidé de tout faire pour qu’elle se refasse une santé, confie Anne-Marie. Ces après-midi servent aussi à essayer de résoudre les problèmes de chacune. »

C’est au Maroc, que Yasmina a appris le tricot. « Toutes les femmes de ma famille et de mon entourage connaissent le tricot dès leur plus jeune âge.  Et en Belgique, il est encore enseigné dans certaines écoles professionnelles. »

Anne-Marie sort de son mutisme et esquisse un sourire : « Si j’avais su que vous viendriez avec votre appareil photo, je me serais maquillée. »

Engoncée dans son foulard, Hélène n’est pas très à l’aise. Ses dernières lignes viennent de « déborder ». Martine la rassure : « Il n’existe pas de tricot sans détricoter. Faire et défaire, c’est toujours travailler. »

Muriel, la plus jeune de l’équipe, est aussi la plus loquace : « Quand on est passionné, on trouve toujours le temps, affirme-t-elle. Perso, le tricot a été la meilleure thérapie pour me sortir de mes problèmes. Ces moments d’évasion sont les meilleurs de la semaine. » Elle fait partie d’un groupe Face-book d’accrocs au tricot : « Nous trouvons les modèles sur Internet, glisse Muriel. On ne s’imagine pas le nombre élevé de personnes qui tricotent, Cela redevient à la mode, on trouve à nouveau des pelotes de laine presque partout. »

« Les tâches ménagères sont éphémères, ajoute Martine. Il faut recommencer chaque jour la même chose, alors que le tricot, c’est du concret. Il en reste quelque chose. »

A la question de savoir combien de temps ces dames consacrent à leur passion, pour certaines, à leur hobby, pour les autres, les réponses sont évasives et assez différentes. Martine, deux heures en moyenne par jour. Muriel est la plus assidue : 2 à 3 heures au quotidien. Anne-Marie dit qu’elle ne sait rien faire mais est aussitôt reprise par ses amies : « C’est faux ! Elle sait tout faire… quand elle est motivée.» « Vrai, acquiesce Anne-Marie, dans ce cas je peux même y consacrer 4 à 5 heures sur la journée. »  Yasmina fait tout « de tête » et bien qu’elle ne s’y applique de 2 à 3 heures semaine, elle avance à la vitesse Vv’. Quant à Hélène, elle se contente d’une ligne par semaine. « Chez moi, je ne suis pas motivée, avoue-t-elle. C’est la raison de ma présence ici. Je me sens soutenue. »

Nous ne pouvons conclure cet entretien atypique sans mentionner les deux personnes absentes du jour : Arlette et Aurore. La première est spécialiste du crochet, la seconde est, selon Muriel, la plus prolifique de toute l’équipe. « Aurore, ce n’est plus de l’artisanat, c’est presque de la production industrielle. »

Alors, mesdames (et messieurs ?), si le cœur vous en dit, n’hésitez pas à rejoindre ce groupe, il n’a pas vraiment l’air de s’ennuyer.

Cl. H.

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